Stevenson passait un été pluvieux en Écosse avec sa nouvelle épouse, Fanny, et son fils de douze ans, Lloyd Osbourne, débordant d’énergie. Lloyd dessinait, et Stevenson — conteur dans l’âme — lui demanda à voir son croquis.
C’était la carte d’une île imaginaire.
Stevenson s’en empara et la transforma. Il y ajouta des lieux comme « l’Île au Squelette » et la « Colline de la Longue-Vue ». Il traça un grand X bien visible pour marquer l’endroit où le trésor était enfoui et donna un nom à la carte : L’Île au trésor.
Pour tenir Lloyd en haleine, Stevenson se mit à écrire un chapitre par jour, qu’il lisait à voix haute à une maisonnée captivée. Il rédigea tout le premier jet en quinze jours à peine, porté par le pur plaisir de l’invention.
Lors de sa publication en 1883, L’Île au trésor ne se contenta pas de raconter une histoire d’aventure : elle inventa le genre pirate tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Avant Stevenson, les pirates historiques étaient simplement des criminels violents. Ils n’enterraient pas leur butin (ils le dépensaient), ne chantaient pas de joyeuses chansons de marins et n’étaient pas ces figures romancées qui peuplent notre imaginaire.
Stevenson, lui, créa des codes si forts et si séduisants qu’ils devinrent le modèle de toute la fiction pirate à venir :
Le « X » qui marque l’emplacement du trésor sur une carte.
Le pirate à la jambe de bois et au perroquet sur l’épaule (incarné par l’inoubliable Long John Silver).
Le pavillon à tête de mort, le Jolly Roger, comme symbole universel du navire pirate.
Les combats à l’épée et la quête d’un or enfoui.
Au cœur du génie du roman se trouvait Long John Silver.
Silver, le cuisinier manchot devenu cerveau de la mutinerie, était une révolution. Ce n’était pas un méchant de caricature. Il était charismatique, intelligent, parfois sincèrement attaché au jeune héros Jim Hawkins, tout en étant capable d’une cruauté glaçante.
Il devint l’un des premiers grands personnages moralement ambigus de la littérature — un vaurien complexe et séduisant qui montrait que le mal n’est pas toujours évident ni repoussant. Cette caractérisation influença des générations de conteurs.
L’Île au trésor fut un phénomène, offrant à l’écrivain maladif une sécurité financière et une renommée internationale. Il écrivit ensuite d’autres classiques, dont Kidnappé et L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de Mr Hyde.
Mais sa santé continua de décliner. En quête d’un remède, Stevenson mit les voiles vers le Pacifique Sud et s’installa aux Samoa. Le climat chaud lui accorda quelques années supplémentaires de création, au cours desquelles les habitants l’appelèrent affectueusement « Tusitala » — le conteur d’histoires.
Il mourut en 1894, à l’âge de 44 ans — plus longtemps que ne l’avaient prédit les médecins — et fut enterré sur le mont Vaea, face à la mer.
Stevenson prouva qu’une vie courte et difficile, passée à lutter contre la maladie, peut engendrer un héritage éternel. Il transforma l’ennui de son beau-fils et sa propre imagination en un monde d’aventure qui définit encore aujourd’hui l’univers des pirates.
Tout cela parce qu’un homme mourant, cloué au lit, voulait simplement divertir un garçon de douze ans.
Stevenson nous montre que nos plus grandes limites — la maladie grave, l’insécurité financière — peuvent devenir le moteur de nos plus grands actes de création.
Il nous rappelle que l’imagination est l’ultime échappatoire, et que même une vie vécue à crédit peut laisser une trace éternelle.
> Nous sommes des anges humains<
Auteurs
Éveiller l’esprit humain
Nous sommes les auteurs de Nous sommes des anges humains, un livre qui a diffusé une nouvelle vision de l’expérience humaine et qui a été spontanément traduit en 14 langues par ses lecteurs.
Nous espérons que nos écrits éveilleront quelque chose en vous !
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